Observer à travers le spectre

Sur fond d'un magnifique coucher de soleil au-dessus du plateau de Chajnantor, dans le désert d'Atacama, les antennes d’ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array) surveillent le ciel. ALMA, dont l'ESO est partenaire, est le plus grand projet astronomique terrestre existant.

Les magnifiques nuances d'orange et de rouge qui illuminent le ciel lorsque le Soleil se couche derrière l'horizon nous donnent une leçon de physique intéressante. Lorsqu'elle traverse l'atmosphère terrestre, la lumière solaire aux longueurs d'onde plus courtes et plus bleues est davantage diffusée par les molécules de gaz et de poussière présentes dans l'air que celle avec des longueurs d'onde plus longues et plus rouges. Lorsque le Soleil s'approche de l'horizon, la lumière qui atteint la surface de la Terre emprunte un chemin plus long à travers son atmosphère, et la majeure partie de la portion bleue de son spectre visible est diffusée. La lumière qui atteint nos yeux colore le ciel autour du Soleil couchant en d'étonnantes nuances de rouge.

Cependant, la beauté de ce ciel rouge sang est invisible pour ALMA. Les 66 télescopes de l'ALMA ne regardent pas le ciel dans la partie visible du spectre électromagnétique, comme nous le faisons - ils l'observent dans la gamme des longueurs d'onde millimétriques et submillimétriques. Le rayonnement électromagnétique de ces longueurs d'onde est absorbé par la vapeur d'eau présente dans l'atmosphère terrestre. C'est pourquoi les télescopes utilisés pour l'astronomie submillimétrique doivent être construits dans des endroits extrêmement secs, à haute altitude, où l'absorption atmosphérique ne gêne pas leurs observations. À cinq kilomètres au-dessus du niveau de la mer, les puissantes antennes d'ALMA nous permettent de voir les mystères de l'Univers sous un jour extraordinaire.