Communiqué de presse
Les astronomes assistent à la naissance d'un amas de galaxies très éloigné de l'Univers primitif
29 mars 2023
Grâce à ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array), dont l'ESO est partenaire, des astronomes ont découvert un grand réservoir de gaz chaud dans l'amas de galaxies encore en formation autour de la galaxie de la Toile d'Araignée - la détection la plus lointaine de gaz chaud à ce jour. Les amas de galaxies comptent parmi les plus grands objets connus dans l'Univers et ce résultat, publié aujourd'hui dans la revue Nature, révèle une fois de plus la précocité de la formation de ces structures.
Les amas de galaxies, comme leur nom l'indique, abritent un grand nombre de galaxies, parfois même des milliers. Ils contiennent également un vaste "milieu intra-amas" (ICM pour intracluster medium) de gaz qui imprègne l'espace entre les galaxies de l'amas. Ce gaz pèse en fait beaucoup plus lourd que les galaxies elles-mêmes. Une grande partie de la physique des amas de galaxies est bien comprise, mais les observations des premières phases de formation du ICM restent rares.
Auparavant, le ICM n'avait été étudiée que dans les amas de galaxies proches entièrement formés. La détection d'un ICM dans les amas de galaxies éloignés, c'est-à-dire les amas de galaxies encore en formation, permettrait aux astronomes d'observer ces amas aux premiers stades de leur formation. Une équipe dirigée par Luca Di Mascolo, premier auteur de l'étude et chercheur à l'université de Trieste, en Italie, s'est attachée à détecter un ICM dans un amas de galaxies aux premiers temps de l'Univers.
Les amas de galaxies sont si massifs qu'ils peuvent rassembler du gaz qui se réchauffe en tombant vers l'amas. "Les simulations cosmologiques prédisent la présence de gaz chaud dans les amas de galaxies depuis plus d'une décennie, mais les observations n'ont pas permis de le confirmer", explique Elena Rasia, chercheuse à l'Institut national italien d'astrophysique (INAF) de Trieste, en Italie, et coauteure de l'étude. "La recherche d'une telle confirmation observationnelle nous a conduits à sélectionner l'un des candidats les plus prometteurs de clusters en formation ou proto-amas". Il s'agit de proto-amas de la Toile d'Araignée, situé à une époque où l'Univers n'avait que 3 milliards d'années. Bien qu'il s'agisse du proto-amas le plus étudié, la présence d'un ICM est restée incertaine. La découverte d'un grand réservoir de gaz chaud dans ce proto-amas indiquerait que le système est en passe de devenir un véritable amas de galaxies de longue durée plutôt que de se disperser.
L'équipe de Luca Di Mascolo a détecté le ICM du proto-amasr de la Toile d'Araignée grâce à ce que l'on appelle l'effet thermique Sunyaev-Zeldovich (SZ). Cet effet se produit lorsque la lumière du fond diffus cosmologique - le rayonnement résiduel du Big Bang - traverse l'ICM. Lorsque cette lumière interagit avec les électrons en mouvement rapide dans le gaz chaud, elle gagne un peu d'énergie et sa couleur, ou longueur d'onde, change légèrement. "Aux bonnes longueurs d'onde, l'effet SZ apparaît donc comme un effet d'ombre d'un amas de galaxies sur le fond diffus cosmologique", explique Luca Di Mascolo.
En mesurant ces ombres sur le fond diffus cosmologique, les astronomes peuvent donc déduire l'existence du gaz chaud, estimer sa masse et cartographier sa forme. "Grâce à sa résolution et à sa sensibilité inégalées, ALMA est la seule installation actuellement capable d'effectuer une telle mesure pour les lointains progéniteurs d'amas massifs", explique Luca Di Mascolo.
Les chercheurs ont déterminé que le proto-amas de la Toile d'Araignée contient un vaste réservoir de gaz chaud à une température de quelques dizaines de millions de degrés Celsius. Auparavant, du gaz froid avait été détecté dans ce proto-amas, mais la masse de gaz chaud découverte dans cette nouvelle étude la dépasse de plusieurs milliers de fois. Cette découverte montre que l'amas de galaxies de la Toile d'Araignée devrait effectivement se transformer en un amas de galaxies massif dans environ 10 milliards d'années, sa masse augmentant d'au moins un facteur dix.
Tony Mroczkowski, co-auteur de l'article et chercheur à l'ESO, explique que "ce système présente d'énormes contrastes. La composante thermique chaude détruira une grande partie de la composante froide au cours de l'évolution du système, et nous assistons à une transition délicate". Il conclut que "ce système confirme par l'observation les prédictions théoriques de longue date sur la formation des plus grands objets gravitationnellement liés de l'Univers".
Ces résultats contribuent à jeter les bases de synergies entre ALMA et le futur très grand télescope (ELT) de l'ESO, qui "révolutionnera l'étude de structures telles que celle de la Toile d'Araignée", explique Mario Nonino, co-auteur de l'étude et chercheur à l'Observatoire astronomique de Trieste. L'ELT et ses instruments de pointe, tels que HARMONI et MICADO, seront en mesure de scruter les proto-amas et de nous fournir des informations détaillées sur les galaxies qui s'y trouvent. Avec les capacités d'ALMA à suivre la formation du ICM, cela donnera un aperçu crucial de l'assemblage de certaines des plus grandes structures de l'Univers primitif.
Plus d'informations
Cette recherche a été présentée dans l'article "Forming intracluster gas in a galaxy protocluster at a redshift of 2.16" à paraître dans Nature (doi : 10.1038/s41586-023-05761-x).
L'équipe est composée de Luca Di Mascolo (Astronomy Unit, University of Trieste, Italy [UT]; INAF – Osservatorio Astrofisico di Trieste, Italy [INAF Trieste]; IFPU – Institute for Fundamental Physics of the Universe, Italy [IFPU]), Alexandro Saro (UT; INAF Trieste; IFPU; INFN – Sezione di Trieste, Italy [INFN]), Tony Mroczkowski (European Southern Observatory, Germany [ESO]), Stefano Borgani (UT; INAF Trieste; IFPU; INFN), Eugene Churazov (Max-Planck-Institute für Astrophysik, Germany; Space Research Institute, Russia), Elena Rasia (INAF Trieste; IFPU), Paolo Tozzi (INAF – Osservatorio Astrofisico di Arcetri, Italy), Helmut Dannerbauer (Instituto de Astrofísica de Canarias, Spain; Universidad de La Laguna, Spain), Kaustuv Basu (Argel ander Institute for Astronomy, University of Bonn, Germany), Christopher L. Carilli (National Radio Astronomy Observatory, USA), Michele Ginolfi (ESO; Dipartimento di Fisica e Astronomia, University of Florence, Italy), George Miley (Leiden Observatory, Leiden University, Netherlands), Mario Nonino (UT), Maurilio Pannella (UT; INAF Trieste; IFPU), Laura Pentericci (INAF – Osservatorio Astronomico di Roma, Italy), Francesca Rizzo (Cosmic Dawn Center, Denmark; Niels Bohr Institute, Denmark).
L’Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (ALMA), une installation astronomique internationale, est le fruit d’un partenariat entre l'ESO, l’U.S. National Science Foundation (NSF) et le National Institutes of Natural Sciences (NINS) du Japon en coopération avec la République du Chili. ALMA est financé par l'Observatoire Européen Austral (ESO) pour le compte de ses Etats membres, la NSF en coopération avec le National Research Council du Canada (NRC), le National Science Council of Tawain (NSC) et le NINS en coopération avec l’Academia Sinica (AS) à Taiwan et le Korea Astronomy and Space Science Institute (KASI). La construction et la gestion d'ALMA sont supervisées par l'ESO pour le compte de ses Etats membres, par le National Radio Astronomy Observatory (NRAO) dirigé par Associated Universities, Inc (AUI) en Amérique du Nord, et par le National Astronomical Observatory of Japan (NAOJ) pour l'Asie de l'Est. L’Observatoire commun ALMA (JAO pour Joint ALMA Observatory) apporte un leadership et un management unifiés pour la construction, la mise en service et l’exploitation d’ALMA.
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Contacts
Luca Di Mascolo
University of Trieste
Trieste, Italy
Courriel: luca.dimascolo@units.it
Tony Mroczkowski
European Southern Observatory
Garching bei München, Germany
Tél: +49 89 3200 6174
Courriel: tony.mroczkowski@eso.org
Alexandro Saro
University of Trieste
Trieste, Italy
Courriel: asaro@units.it
Juan Carlos Muñoz Mateos
ESO Media Officer
Garching bei München, Germany
Tél: +49 89 3200 6176
Courriel: press@eso.org
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et Planetarium, Royal Observatory of Belgium
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Courriel: eson-belgium@eso.org
A propos du communiqué de presse
Communiqué de presse N°: | eso2304fr-be |
Nom: | Spiderweb Galaxy |
Type: | Early Universe : Cosmology : Morphology : Large-Scale Structure |
Facility: | Atacama Large Millimeter/submillimeter Array |
Science data: | 2023Natur.615..809D |